Eruption volcanique majeure

Eruption volcanique majeure

Les éruptions volcaniques sont des événements naturels d’une puissance redoutable. L’éruption du mont Tambora en 1815 reste dans les annales comme la plus dévastatrice jamais enregistrée, causant plus de 90.000 morts et plongeant le monde dans une « année sans été ». Selon les experts, une éruption volcanique d’ampleur comparable pourrait survenir au cours de ce siècle. À l’ère du réchauffement climatique et de la surpopulation, une telle catastrophe pourrait avoir des conséquences encore plus graves qu’il y a 200 ans.

En avril 1815, le mont Tambora, situé en Indonésie, a émis une quantité énorme de cendres et de gaz dans l’atmosphère, refroidissant la température moyenne mondiale d’au moins 1°C. Les conséquences furent dévastatrices avec des récoltes anéanties, causant des famines dans plusieurs régions. Une pandémie de choléra qui s’est propagée à travers l’Asie et l’Europe. Une perturbation climatique globale, affectant les précipitations et les écosystèmes. L’explosion du mont Tambora a modifié le climat mondial. L’éruption du Vésuve en Italie en 79 après JC est inscrite dans la mémoire de l’humanité comme une des plus terribles catastrophes naturelles. Mais l’histoire de la Terre regorge d’éruptions volcaniques dangereuses et tout aussi monstrueuses. Comme celles du Krakatoa en Indonésie (1883), du Mont Pinatubo aux Philippines (1991), du Mont St. Helens aux États-Unis (1980), du Laki en Islande (1783), du Théra en Grèce (vers 1600 avant JC) ou encore de la Montagne Pelée en Martinique (1902).

Les volcans sont des structures géologiques fascinantes et essentielles qui ont façonné l’histoire de notre climat. Aujourd’hui encore, leurs éruptions suscitent autant la peur que l’admiration, à raison puisque certaines d’entre elles ont bouleversé la géographie de certaines régions, voire menacé la vie sur Terre. Aujourd’hui, il existe un risque non négligeable qu’une très violente et puissante éruption volcanique se produise dans les prochaines années. Et le monde est très mal préparé à ce type de cataclysme qui pourrait causer l’effondrement de notre civilisation. Il existe un risque bien réel pour qu’une éruption volcanique destructrice mette en péril l’existence même de la vie sur Terre. Digne des plus grands films catastrophes hollywoodiens, un tel événement pourrait bien devenir réel au cours de ce siècle. D’après les chercheurs en volcanologie de l’université de Birmingham au Royaume-Uni, les effets d’une éruption volcanique d’une telle puissance seraient similaires à l’impact d’un astéroïde d’un kilomètre de diamètre percutant la Terre. Et pourtant, le risque qu’un tel objet interstellaire vienne frapper notre planète est une centaine de fois moins important que le risque d’une explosion volcanique dévastatrice.

Pour caractériser la puissance d’une éruption volcanique, les chercheurs utilisent l’indice d’explosivité volcanique qui sert à évaluer le pouvoir destructeur d’une éruption. Parmi les volcans les plus dangereux, il y a les volcans explosifs. Ils libèrent de grosses quantités de gaz et de cendres dans la haute atmosphère et peuvent provoquer des nuées ardentes et des tsunamis. L’indice d’explosivité d’un volcan (VEI) va de 0 à 8 et mesure la magnitude d’une éruption volcanique. Pour décrire le pouvoir destructeur d’un volcan, cet indice d’explosivité combine plusieurs facteurs tels que le volume de matière éjecté, l’altitude atteinte par les cendres, la durée de l’éruption et la pénétration de matière éruptive dans la troposphère et la stratosphère. Depuis 1815, il n’y a plus eu d’éruptions volcaniques dont l’indice d’explosivité a été supérieur à 6. Les vulcanologues estiment que des explosions volcaniques d’indice 6 se produisent tous les cent ans. Quant à des éruptions d’indice 7 et 8, elles se produisent tous les mille ans et tous les cent mille ans.

Le 10 avril 1815 vers 10 heures du matin, les habitants de l’île de Sumbawa en Indonésie sont tirés de leurs occupations par l’explosion du volcan Tambora. Le monstre crache un panache de matière qui monte jusqu’à 43 kilomètres de haut en laissant en suspension dans l’atmosphère les plus grosses particules pendant deux semaines et les plus fines pendant des années. En fin de journée vers 19 heures, l’activité du volcan redouble de violence et une pluie de pierres ponces s’abat sur la ville de Sanggar située à 30 km. Lorsque ces chutes de pierres cessent vers 22 heures, la colonne éruptive s’effondre en plusieurs coulées pyroclastiques qui se dispersent jusqu’à 40 km du volcan. L’éruption, l’une des plus longues de l’histoire, cesse le 15 avril et les chutes de cendres cessent le 17 avril. Les volcanologues ont estimé que cette éruption volcanique avait un indice d’explosivité de 7 sur un maximum de 8. Durant cette éruption dont la puissance a été estimée à 10.000 fois les explosions nucléaires de Nagasaki et d’Hiroshima, 11.000 personnes ont été directement tuées. Presque 50.000 personnes périrent par la suite en raison de la famine et des épidémies. Certains spécialistes estiment que cette éruption fit un total de 1.000 000 victimes. La présence des particules dans l’atmosphère a perturbé le climat global de la planète et entraîné un refroidissement climatique en faisant chuter les températures de 0,5 °C à plus de 1°C l’année suivante. Cette éruption qui perturba les récoltes de céréales constitua la cause des crises alimentaires en Europe en 1816 et 1817.

Or, les dernières éruptions volcaniques nous mettent en garde. En janvier 2023, une explosion volcanique majeure s’est produite sur une île de l’archipel des Tonga. Le volcan Hunga Tonga expulsa une très grande quantité de magma qui réagit violemment avec l’eau de l’océan provoquant de nombreuses explosions. L’onde de choc se propagea sur l’ensemble de la planète. Cette éruption, qui fit cinq morts et quatre blessés, est l’une des plus violentes enregistrées avec les moyens modernes. Cette éruption volcanique aurait pu être plus dévastatrice si elle avait été plus longue. Cette éruption volcanique de l’archipel des Tonga est pourtant d’une faible puissance si on la compare à des éruptions qui se déroulent tous les 600 à 1000 ans et qui sont jusqu’à 100 fois plus puissantes. Actuellement, les scientifiques ne connaissent que l’emplacement de 97 volcans pouvant donner lieu à des éruptions volcaniques avec un indice d’explosivité de 7. Malheureusement, tous les volcans ne sont pas équipés de sismographes permettant de détecter des signes avant-coureurs d’une éruption de grande ampleur. Cela signifie donc qu’il pourrait y avoir des dizaines d’autres volcans d’une extrême dangerosité sur notre planète. Pour les chercheurs, il existe un gros problème au niveau mondial dans l’étude des volcans pour des raisons budgétaires alors qu’ils représentent une menace bien réelle. Il y a urgence et les gouvernements de nombreux pays ont malheureusement tendance à sous-estimer les risques liés à l’activité volcanique. Les chercheurs réclament depuis des années un satellite qui leur permettrait de surveiller de près ces monstres endormis. Certains volcans peuvent rester en sommeil pendant des siècles et se réveiller soudainement en provoquant une explosion soudaine et dévastatrice.

Yellowstone, Santorin… Les éruptions des super-volcans ont bouleversé le visage de la Terre par le passé. Aujourd’hui la région de Naples, en Italie, est menacée par la recrudescence d’activités sismiques des champs Phlégréens. Situé dans la région surpeuplée de Naples, le super-volcan des champs Phlégréens (« brûlants » en grec), dont la dernière éruption remonte à 1538, connaît depuis 2005 une recrudescence d’activité sismique. Elle s’est intensifiée ces dernières années et plus encore ces derniers temps, avec un soulèvement du sol de quinze millimètres par mois et plusieurs dizaines de tremblements de terre par jour. En Russie, avec ses près de 2 millions de km² (soit l’équivalent de l’Europe occidentale), les Trapps de Sibérie constituent aujourd’hui l’une des plus grandes provinces magmatiques sur Terre. Outre sa surface, la zone se distingue également par la couche de basalte qui la compose en majorité, une roche volcanique formée à partir du refroidissement rapide du magma en surface et pouvant atteindre près de quatre kilomètres d’épaisseur à certains endroits. Des chiffres étourdissants à mettre sur le compte de la gigantesque éruption effusive qui a eu lieu il y a environ 252 millions d’années. Les éruptions effusives sont beaucoup plus étalées dans le temps que les explosives. Par exemple, le Piton de la Fournaise sur l’île de la Réunion peut générer des coulées de lave sur plusieurs semaines, voire plus d’un mois. Pour autant, celle des Trapps de Sibérie est exceptionnellement longue : on estime qu’elle a duré environ 1 million d’années, générant trois à cinq millions de km³ de lave sur une surface d’environ 6 millions de km². Un phénomène de cette ampleur n’est pas sans conséquence. L’éruption a libéré d’énormes quantités de gaz à effet de serre – dioxyde de soufre et dioxyde de carbone et d’aérosols réfléchissant la lumière. Les gaz à effet de serre ont entraîné un réchauffement climatique massif, ayant pour effet l’anoxie (baisse de la quantité d’oxygène) et l’acidification des océans, et donc la mort des organismes vivants. La décomposition des plantes et animaux marins a produit une quantité massive de gaz toxiques, tuant les animaux terrestres. Par la suite, les aérosols produits lors de l’éruption ont réfléchi la lumière, refroidissant drastiquement l’atmosphère et achevant une bonne partie des derniers survivants. En tout, près de 95% des espèces marines et 70% des espèces terrestres ont disparu. Cette éruption dont les origines ne sont pas encore bien connues des scientifiques a joué un rôle majeur dans l’évolution de la vie sur Terre en remodelant les conditions environnementales de manière drastique. Face à la menace d’une éruption volcanique majeure, la préparation est essentielle. Bien que ces événements soient rares, leurs impacts pourraient être dévastateurs dans un monde déjà affaibli par le changement climatique. Les avancées scientifiques et la coopération internationale doivent permettre d’anticiper et d’atténuer les conséquences de ces catastrophes naturelles inévitables.