Deux ans après le début de la guerre entre l’armée soudanaise et la milice paramilitaire des Forces de soutien rapide (FSR), le Soudan et ses 48 millions d’habitants sont plongés dans une crise humanitaire sans précédent. Alors que des dizaines de milliers de personnes sont mortes, près de 13 millions ont été déplacées et 25 millions se trouvent au bord de la famine, selon l’ONU. 12 millions de déplacés, 30 millions de personnes dépendantes de l’aide humanitaire. La pauvreté, la famine, des villes anéanties, une économie en lambeaux. On l’oublie souvent : le Soudan est confronté à la plus grave crise humanitaire au monde. Le 15 avril 2023, le Soudan a replongé dans une guerre ouverte opposant l’armée nationale (SAF), dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (RSF) du général Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hemedti ». Cet affrontement, bien qu’inattendu dans sa soudaineté, est le résultat d’un processus de fragmentation politique amorcé dès 2019.
Après la chute du régime d’Omar el-Béchir, une transition politique fragile avait été entamée, reposant sur un équilibre instable entre civils et militaires. En octobre 2021, ce compromis s’est effondré lorsque Burhan et Hemedti orchestrent un coup d’État contre les autorités civiles. La question du statut futur de la RSF, notamment son intégration au sein des forces régulières, devient rapidement un point de rupture. L’absence de médiation viable conduit à un affrontement armé majeur. En deux ans, le conflit a eu des conséquences humaines et matérielles considérables. Selon les estimations les plus crédibles, plus de 150.000 personnes ont été tuées, dont près de 61.000 à Khartoum. L’UNHCR fait état de 8,8 millions de déplacés internes et de 3,5 millions de réfugiés ayant fui vers les pays voisins. Des cas de viols collectifs, d’enrôlements forcés d’enfants, de nettoyages ethniques au Darfour et de bombardements urbains indiscriminés ont été documentés. Le système de santé est gravement touché : 80 % des hôpitaux sont hors service, et des épidémies de choléra et de rougeole ont été signalées. Une frappe aérienne sur un hôpital de West Kordofan, en juin dernier 2025, aurait causé la mort de 40 personnes selon l’OMS[1].
Les acteurs humanitaires évoquent également un bilan nutritionnel alarmant : plus de 522.000 enfants seraient décédés de malnutrition aiguë ou de maladies évitables depuis le début du conflit. Pourquoi la guerre au Soudan pourrait entraîner une partition du pays ?
[1] The Guardian – « WHO says attack on Sudanese hospital killed more than 40 civilians » by Rachel Savage. 24 Jun 2025 16.12 CEST. « Five health workers reportedly among the dead in West Kordofan as paramilitary RSF blames Sudanese military » https://www.theguardian.com/world/2025/jun/24/sudan-hospital-attack-west-kordofan
Lire la suite le 1er Octobre 2025.